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 Projet Entropia [9]

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Salao

Salao


Messages : 1674
Date d'inscription : 07/06/2010
Localisation : Sur le pont de commandement, à hurler sur tout ceux qui peuvent l'entendre.

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MessageSujet: Projet Entropia [9]   Projet Entropia [9] EmptyVen 29 Juil - 15:54

Date: -5 Avant Traité. Salao est affecté aux Force Spéciales Républicaines de Renseignement et de Reconnaissance depuis environ un an.


Les rues étroites de la capitale sinuaient, bondées et colorées, vives, suintantes et nauséabondes, une fumée grisâtre laissant échapper ses volutes dans les artères de la gigantesque Coruscant. Aliens et humains s’entrecroisaient dans une masse compacte et fourmillante, la tête pleine de problèmes ou d’autres substances ; les cartels hutts s’infiltraient même ici, le trafic de bâtons de la mort était plus florissant que jamais dans les bas quartiers, et il ne se passait jamais une journée sans descente des forces de Sécurité dans les innombrables bars, bordels et maisons de jeu. C’était une soirée comme une autre ; en levant les yeux, on pouvait apercevoir les reflets bleutés du ciel nocturne sur les parois des colossales tours de duracier dont les pointes s’envolaient vers les étoiles. Une brise chaude et odorante parcourait les rues, relan de l’atmosphère viciée. Tout ceci ressemblait en tous points, dans l’aspect, l’odeur et l’atmosphère à un gigantesque vaisseau sanguin, accentuant encore le malaise qui prenait irrémédiablement l’étranger, le nouveau venu dans la basse Coruscant.

Par habitude, l’homme qui se faufilait dans la foule ne sentait plus l’ambiance malsaine qui régnait. Il se souvint la première fois qu’il posa le pied sur ce sol : une heure plus tôt, son atterrissage sur les plates-formes des Nues lui avait laissé un arrière-goût de majesté et de stupéfaction, et quelques minutes dans les bas-fonds avaient suffi pour le faire quasiment tourner de l’œil. Il se glissa entre deux personnes, une demoiselle à la peau verte lui laissant un regard plein de sous-entendus sur la rétine. Le jeune homme approchait des vingt-quatre ans, une barbe naissante, des cheveux encore courts, des traits qui sortaient à peine de l’enfance. Il revêtait un grand manteau élimé aux manches, une veste grise et un pantalon en tissu simple entourant des bottes noires salies, des mitaines propres en cuir, un bandana rouge noué autour de son cou et une paire de lunettes noires discrètes. Une cigarette à moitié consumée était vissée au coin de sa bouche. Le parfait exemple de petite frappe des bas-fonds de Coruscant. L’autorité naturelle de son visage associée à la carrure naissante de ses épaules suffisait à maintenir en respect la plupart des racketteurs de seconde zone, la bosse caractéristique au niveau de sa hanche dissuadait les autres.

Le flux de personnes avançait, inlassablement, quand la cible bifurqua dans un bar à paris sur la gauche. Volets ouverts, Fiston. Le jeune homme pénètre à son tour dans le troquet, aveuglant par les multiples tables de jeux et écrans de courses qui tapissent le sol et les murs de l'établissement. Partout, ce n'est que cris et agitation, les crédits circulent sans interruption, si bien qu'une tablette dans la poche d'un flambeur des courses de fonceurs peut se retrouver, à peine une minute plus tard, sur une table de pazaak, à l'autre bout du bar. C'est dans cette atmosphère clignotante et assourdissante que la cible se dirigeait, apparemment vers le comptoir. Quelques mots échangés avec le barman. Puis elle se dirigea vers la remise, dont l'entrée était bloquée par un videur. Grand Père, Fiston demande un clin d’œil. Le jeune homme, aux aguets, prit la même direction, nonchalamment. Il s'arrêta devant la masse de muscles qui recouvrait totalement le cadre de la porte, au moment même où la totalité du bar se retrouvait plongé dans l'obscurité, tous les écrans et tous les éclairages sans exceptions s'éteignant durant quelques secondes, dans une demi panique générale. Lorsque tout se ralluma, Salao était dans la remise, un grand corps inconscient d'une espèce étrange allongé parmi les caisses. Il continua son chemin jusqu'au fond de la pièce, où un sas de sécurité étrangement reluisant et avancé trônait au milieu des murs crasseux et des caisses d'alcools. Un petit panneau de commande verrouillait le tout. Le jeune Sorcl dégaina un petit appareil de sa poche intérieure et l'appliqua sur ce même panneau ; il ne fallut pas quelques secondes pour que le sas s'ouvrit dans un bip approbateur.

La pièce était déjà vide. C'était vraisemblablement une planque, mais pas le point de chute. Au fond à droite, une sorte de petit turbo élévateur servait de sortie et conduisait certainement dans une ruelle dans bas fonds ; à cet instant la cible devait déjà être loin, mais peu importe, il y avait tout ce qu'il fallait ici. Dans un des recoins de la pièce, quatre écrans scintillants projetaient des informations en continu. Salao s'approcha d'eux, sortit un communicateur longue distance et le relia tour à tour à tous les ordinateurs durant quelques secondes. La voix familière résonna une fois de plus dans son comlink oreillette:

-Fiston, Grand Père est rassasié.

Quelques instants plus tard, il recevait sur son datapad le même étrange fichier crypté qu'à l'accoutumée: une poignée de secondes lui suffirent pour briser le code. Prochaine étape, Tatooïne...


Dans le désert, courir est futile et dangereux. Surtout si ce désert recouvre tout une planète. Voilà les leçons qu'on pouvait tirer des disparitions quotidiennes dans l'immensité sablonneuse qui formait la vie de cette planète, et de la petite ville station d'Anachore. C'était encore une ville relativement neuve, à peine quelques centaines d'années, ce qui à l'échelle galactique représentait un claquement de doigts. C'était la première fois que le jeune Sorcl posait le pied sur Tatooïne, enfin, c'était la première fois il y a une semaine et quatre jours. Il portait cette fois une longue tunique à la mode chez les fermiers de la planète, un pantalon en toile simple, des bottes et un très grand chapeau troué, et un foulard censé le protéger des rafales de vent chaud provenant des dunes. Il revenait du petit marché hebdomadaire de la ville, un sac rempli de provisions, zigzagant entre les individus louches et les familles de fermiers venus se ravitailler. Il ne tarda pas à pénétrer dans un petit bâtiment d'habitations ocre, grand de plusieurs étages ; il monta au deuxième et tapa de sa main libre un code d'ouverture, avant de rentrer dans un des "appartements" et de verrouiller la porte. Sauf que la pièce n'avait rien d'un appartement ; en fait on aurait plutôt dit une exposition technologique du département de contre espionnage. Sur le mur de droite, un grand écran scintillant illuminait la petite pièce, relié à une console informatique. A gauche, tout un pan était occupé par un générateur autonome, bourdonnant sans cesse depuis des jours, et une antenne d'émission/réception, le tout relié ensemble, ce qui avait pour conséquence un réseau de câbles fatal pour des pieds étrangers. L'unique fenêtre de l'appartement était constamment occultée par un rideau, pour éviter qu'un œil trop curieux ne remarque tout l'attirail.

Il y a un peu plus d'une semaine, Salao atterrissait seul, avec tout son matériel, sur la boule de sable. Sa cible actuelle était un soi disant marchand de droïdes, en place ici depuis des années, voire des décennies, dont le nom était visiblement apparu plusieurs fois dans les fichiers téléchargés par le soldat sur Coruscant, et toujours en corrélation avec ce fameux "Projet Entropia". Pour résumer, personne dans les services de renseignement les plus poussés de la galaxie n'était capable de dire en quoi consistait ce projet, ou même s'il existait réellement. Mais une fuite due à un ponte de la pègre il y a quatre mois a mis la puce à l'oreille des Renseignements républicains, qui a décidé de mettre sur le coup une de leur recrues toutes fraîches. Les deux premiers mois n'avaient été tâtonnement jusqu'à trouver une piste crédible, en plein cœur de la capitale, piste qui avait aboutie jusqu'ici. Une voix s'éleva depuis l'écran:

-T'es rentré ?

-Non, c'est le room service.

-Très drôle mec. Enfin, d'après c'que je vois t'en aurais bien besoin !


Son interlocuteur s’appelait Neils, Neils Darrow. Un petit génie de l'informatique du même âge que Salao, qui travaillait avec lui depuis le début de l'affaire. Engagé après avoir cracké le code des serveurs du Service, des cheveux longs coiffés en locks et tirés en arrière, une barbe naissante rehaussée d'un bouc. L'archétype même de l'ado défoncé et déphasé, à la différence que Neils était un patriote ; lorsque les agents du Service ont débarqué chez lui à la suite de son piratage, sa défense fut: "Si j'peux le faire, il s'agit pas d'vous demander si l'Empire peut le faire ; s'agit de s'demander combien de temps ils vont encore pouvoir le faire si vous m'embauchez pas." Son rôle dans cette histoire était de surveiller la cible lors des absences de Salao et d'intercepter tout les messages et transmissions en provenance ou vers sa boutique. La nuit même de son arrivée, l'agent de terrain s'était introduit chez lui et avait placé des mouchards dans toutes les pièces de sa boutique et de sa baraque. L'agent en liaison sur Tatooïne était déjà occupé à Mos Esley. La planque s'était donc installée, pour Salao dans l'appart' miteux d'Anachore, pour Neils dans son bureau du Service.

-Rien de bien concluant pendant ta vadrouille, il est allé deux fois aux chiottes et a eu quatre clients pour être exacts, tous des inconnus au bataillon.

-Et ?


Salao croqua dans un fruit sec qu'il venait de ramener, puis s'assit dans un fauteuil face à l'écran en posant ses bottes sur la console. La boutique de la cible se trouvait juste en face de son appartement, au rez de chaussée cependant.

-Et puis rien, je f'sais juste la conversation... Si tu crois qu'y a que toi qui te fais chier, man, ça fait onze putains de jours que j'ai pas levé mon cul de cette chaise et de ce bureau ! Par contre je crois qu'j'ai droit à un aller avec la petite blonde de l'archivage, tu sais, hum merde, comment c'est déjà ? Jenny... Jessie...

-Tessie ?

-Ouais, putain ouais mec ! Elle m'apporte le Kah'Fe tout les jours ! Avec son p'tit tailleur à la mode Corellienne là, mmmh...


Le hacker commença une sorte de danse très exagérée et très évocatrice, qui fit éclater Salao de rire dans son fauteuil. Il finit par répondre:

-J'm'emballerais pas trop si j'étais toi.

-Et pourquoi, j'te prie ?

-Déjà parce que ça fait presque deux semaines que t'as pas pris de douche, et que je tiens de l'ami d'un ami qui a un frère qui connait quelqu'un à la compta... que mademoiselle est pas trop branchée mec.

-De quoi ?

-Tu veux un dessin ou quoi ?

-Tu t'fous d'ma gueule... Vas y arrête, t'es juste jaloux en fait, elles sont pas à ton goût les p'tites fermières de Tatooïne ?


Voilà ce que fut le quotidien de Salao pendant une semaine et quatre jours ; manger des fruits séchés dans une pièce sombre en compagnie d'un écran à l'humour douteux. Mais ceci ne devait pas durer. Quelques minutes plus tard, Neils interpella Salao au milieu de la discussion. Il fronça les sourcils, un air grave s'installa sur son visage. Il finit par dire:

-Il s'passe un truc bizarre là d'dans...

-Quoi ?

-Un type, mais on dirait pas vraiment un client. Tout en noir, j'arrive pas à voir son visage.


Salao ouvrit la fenêtre sur son écran afin de voir et entendre ce qu'il se passait. En effet, un homme svelte et tout de noir vêtu se tenait devant le comptoir. Le marchand avait un air anxieux.

-C'est sûrement ce qu'on attendait ! J'arrive pas à entendre, t'as du son toi ?

-Oui, mais y a des interférences... et ils parlent trop bas. J'vais essayer d'augmenter la sensibilité des mouchards.


Quelques réglages plus tard, on put enfin entendre une fin de phrase prononcée par le nouveau venu: "... tard, monsieur Klay." L'homme semble sortir quelque chose de sa veste, et le visage du marchand prit cette fois un air terrifié. Il se réfugia sous le comptoir, alors que Neils criait un "MERDE !" peu discret. Lorsque la détonation se fit entendre, Salao était déjà sur le palier. Il dévala quatre à quatre les escaliers, et aboutit dans la rue, alors que Neils lui criait dans l'oreillette "Ils sont dehors mec !". Visiblement le marchand avait évité le premier tir et était parvenu à s'échapper de la boutique, courant maintenant en hurlant à l'aide vers la place du marché. Le type en noir le talonnait : il aligna un tir et toucha le marchand avant que Salao ne put faire quoi que ce soit. Neils lui perçait les tympans: "PUTAIN DE MERDE SAL' DESCENDS LE, BUTE LE C'T'ENFOIRÉ". Le soldat grimaça, dégaina un blaster de sa tunique et ouvrit le feu sur l'homme en noir qui s'apprêtait à achever sa victime. Le tir loupa, mais Salao garda un feu nourri, et désormais c'était toute la foule du marché qui s'agitait en tout sens. Finalement le meurtrier disparut dans la confusion, et Salao courut jusqu'au corps du marchand, toujours en vie et agonisant.

-Il... savait... Ils savaient qu'on m'observait... Entropia... Kri'yo Ba...ba... banno...

Et la vie s'échappa de lui. Salao s'éclipsa du corps pour ne pas se faire remarquer et rentra en trombe dans son appartement. Il envoya valser contre le mur un bol en céramique d'un geste rageur en pestant. Tout ça pour presque rien. Enfin, il avait un nom, et la certitude que leur homme était impliqué dans le projet, c'était déjà ça.

-Neils, appelle le boss. Dis lui qu'on a un nouveau nom: Kri'yo Banno, que la cible est morte et que son assassin s'est enfui. La source de Tatooine est tarie pour l'instant.

-Ça va encore être not' fête...





A suivre...
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